« Mood, la voix des sourds »

Merci à Cloé Makrides pour son article sur le Bien Public :

HANDICAP. UNE ASSOCIATION QUI TEND L’OREILLE AUX SOURDS ET MALENTENDANTS DE DIJON.

L’association Mood, basée à Dijon, sert de relais d’information pour les personnes sourdes et veut développer les animations accessibles aux sourds et aux malentendants.

Création. L’association La main, l’Oreille, et l’Œil de Dijon a été créée en 2007. Elle regroupe une centaine de membres. Contact. L’association est présente à la maison des associations de Dijon.

Le jeune homme est bavard. Souriant. Dynamique. Il regorge de connaissances et d’anecdotes. Les distille avec humour, et l’envie manifeste de partager. Stéphane Hanquet n’entend pas. Mais ses yeux sont aussi ses oreilles. « Il est vrai que je ne peux pas téléphoner, par exemple », souligne-t-il. «Cependant, aujourd’hui, nous sommes en 2010. Sms, mails… il y a 40 000 moyens de communication : on ne peut pas dire qu’on ne peut pas me joindre ! »

Stéphane Hanquet est responsable projets au sein de l’association Mood. « M.O.O.D. » Quatre lettres pour un sigle : « La Main, l’Oreille et l’Œil de Dijon ». « Le choix du nom de l’association n’est pas anodin. Nous ne voulions pas tomber dans l’éternel cliché “un sourd, ça n’entend pas”. »

« Dans la surdité, il y a deux moyens de communication : la langue française, accompagnée ou non d’un codage que l’on appelle Langue parlée complétée (LPC), et la Langue des signes française (LSF) », continue Stéphane Hanquet. «Nous, nous nous adressons à tout le monde. Ceux qui signent, ceux qui parlent… Nous n’excluons personne. »

Objectifs à atteindre
L’association a trois objectifs : informer les personnes sourdes, sensibiliser les publics (entreprises et associations, notamment) et favoriser les rencontres entre sourds, malentendants et entendants.

« Sur le site www.dijonsourds.fr, nous traitons des événements passés ou à venir, sous forme de vidéos, d’images et de textes courts », explique le jeune homme. L’association propose aussi des activités. Un atelier cuisine devrait ainsi voir le jour au moment des fêtes de fin d’année. « Nous avons aussi des “cafés sign’”, le samedi après-midi, et des “apéros sign’”, le soir en semaine, dont le principe est d’échanger sur des thèmes choisis », note Stéphane Hanquet. Qui tient à mettre les choses au clair : « En revanche, on nous a souvent demandé de faire des formations en langue des signes française mais nous avons toujours refusé. Il y a un centre fait pour ça ! »

Samedi dernier, à la maison de quartier de la Fontaine-d’Ouche, Mood organisait son premier salon dédié à la visiophonie. L’occasion de se renseigner sur les services, proposés par des opérateurs privés, qui permettent aux personnes sourdes d’appeler pour prendre un rendez-vous de médecin, ou commander une pâtisserie… « Aux États-Unis, le centre d’interprètes à distance fonctionne 7 j/7 et 24 h/24. Il est financé par toutes les entreprises, à raison d’environ un dollar par an », souligne Stéphane Hanquet. « Ici, c’est nous qui payons et le service n’est accessible que du lundi au vendredi. Cela pose problème, si l’on a besoin de contacter les pompiers, par exemple… »

Cloé Makrides cloe.makrides@lebienpublic.fr
Publié le 25/10/2010